(crédit illustration : Cronus Caelestis)
Le Vaisseau des Origines atteignit Entom Boötis pendant l’année 2634 de l’ancien calendrier terrien. De nombreuses explorations spatiales avaient été effectuées depuis des générations dans la galaxie.
Sur certains mondes relativement proches de la Terre mais peu accueillants, on fit des tentatives de terraformation et d’ensemencement. Sans succès. Mais d’autres planètes beaucoup plus rares et lointaines semblaient habitables, certaines possédaient peut-être déjà leurs propres formes de vie.
On suppose que la planète Terre était arrivée à un stade critique pour l’humanité, que des désastres ont poussé une partie de la population à tenter sa chance dans l’espace.
Pendant le 24ème siècle, plusieurs groupes de vaisseaux spatiaux quittèrent la Terre pour s’éparpiller dans des directions différentes en espérant que l’un d’eux, au moins, allait trouver un monde accueillant. C’est ainsi que l’humanité essaima dans les étoiles.
La flottille qui se dirigeait vers le système Tau Boötis comprenait plus de 120.000 personnes en âge de se reproduire, choisies pour la diversité de leurs connaissances et de leurs patrimoines génétiques.
La propulsion ionique, ajoutée à la force de gravité des énormes planètes gazeuses pour provoquer des accélérations sur leur parcours, permettait alors d’atteindre une vitesse de croisière de 60.000 km/seconde.
En alternant des périodes de cryogénisation et d’éveil, on évita que les générations se succèdent trop rapidement. Tous les colons durent à tour de rôle « dormir » artificiellement pendant des années, puis assurer le pilotage, veiller sur leurs congénères tout en produisant de la nourriture et en assurant la perpétuation de l’espèce.
Leur errance dans le vide sidéral dura près de 300 ans. De nombreuses difficultés menacèrent cette folle expédition, les voyageurs faillirent ne jamais atteindre leur objectif. Problèmes techniques, sanitaires, obstacles potentiellement fatals, conflits internes dégénérant en combats fratricides pour prendre le contrôle… la flottille fut pratiquement détruite.
Un seul vaisseau parvint au bout du voyage en pénétrant dans l’atmosphère de la planète.
Ses habitants avaient frôlé la catastrophe juste avant d’arriver, une secte de fanatiques religieux ayant tenté de les entrainer dans un ignoble suicide collectif. À peine 16.000 personnes avaient survécu à cette interminable traversée, moins de 15 % de la population embarquée au départ vers ce système solaire. On déplora la disparition de nombreux érudits ou techniciens, et avec eux, la perte d’une partie des connaissances héritées de la Terre.
Leur soulagement fut immense quand ils détectèrent dans certaines régions de l’eau, des formes de vie animale et une abondante végétation.
Mais lorsque le vaisseau survola l’hémisphère sud, des avaries sévères manquèrent d’achever les survivants au terme de leur voyage. Les systèmes électriques, les réacteurs, la production d’eau, d’air et de nourriture, le contrôle des caissons d’hibernation… tout tomba en panne. L’immense vaisseau de l’espace manqua de s’écraser, puis fut repris en main de justesse en réussissant à dépasser l’équateur. Les appareils se remirent à fonctionner brièvement. Ils parvinrent à survoler l’hémisphère nord puis, ayant détecté des formes de vie de grande taille, atterrirent finalement en catastrophe dans la région froide qui semblait receler le moins de dangers.
Le retour en arrière n’était pas envisageable. Les colons découvrirent avec crainte et émerveillement les créatures gigantesques qui peuplaient ce monde. Des insectes sociaux dominaient le règne animal dans une végétation démesurée.
Il s’agissait de formes de vie assez proches de celles qu’ils connaissaient, malgré d’importantes différences, ils purent classer la plupart des êtres vivants parmi des grandes familles de végétaux et d’animaux répertoriées sur leur planète d’origine. Ces formes de vie étaient comme de lointains cousins atteints de gigantisme, mais ces espèces étaient bel et bien nouvelles, endémiques.
Les premiers humains décidèrent de baptiser cette planète Gaîa Entomon, la « Terre des insectes » en grec ancien. Au fil du temps, on ne garda que l’abréviation Entom.
D’innombrables dangers découlaient de l’échelle gigantesque de cette nature, mettant les humains en position de fragilité. La moindre épine pouvait atteindre une taille mortellement dangereuse, la chute d’une graine pouvait tuer une personne et celle d’une branche tout un village. Et il y avait bien sûr les attaques des prédateurs. Les venins, les pièges, les mandibules et les dards des carnivores géants, combinés à leur vitesse et leurs carapaces de chitine, constituaient des dangers terriblement oppressants dans la nature sauvage.
Les colons s’implantèrent d’abord au nord de l’hémisphère habitable, où les insectes hibernaient pendant la saison froide. Équipés pour s’installer sur un nouveau monde, ils construisirent une première agglomération fortifiée. Ils érigèrent des dômes puis des champs de force impénétrables, à l’intérieur desquels ils purent vivre à l’abri des arthropodes et pratiquer l’agriculture.
Aucune des espèces végétales terriennes embarquées ne put s’adapter. Ils découvrirent quantité de végétaux comestibles locaux qu’ils cueillaient sauvages ou apprenaient à cultiver. Des insectes furent chassés pour leur viande, certains se révélèrent suffisamment dociles pour pratiquer des formes d’élevage.
Grâce à leur technologie, les humains agrandirent progressivement leur territoire. Ils avaient perdu une partie de leurs anciens savoirs mais en développèrent de nouveaux. Lentement, ils réussirent à s’adapter à ce nouveau monde, ses nouvelles maladies, ses dangers. Ils érigèrent d’autres villes et s’étendirent jusqu’aux régions tropicales du sud. Ils s’efforcèrent d’augmenter leur population pour éviter que leur espèce ne dégénère et s’éteigne.
Des tensions commencèrent à diviser certaines cités, puis des frontières firent leur apparition, des ébauches de nations.
Les siècles passèrent, on oublia le décompte du temps terrestre. Aujourd’hui, en l’année 608 du calendrier local, l’humanité prospère sur l’hémisphère nord.
Plus grand monde ne se souvient du périple traversé par les premiers colons, des épreuves incroyables qu’ils surmontèrent pour que leur espèce survive ici. Personne ne se souvient que l’histoire terrienne devrait afficher l’année 3242, s’il existe encore quelqu’un là-bas…
Personne ne sait ce que sont devenues les autres expéditions humaines parties explorer l’espace infini.
La vie suit son cours.
Dans le prochain article, je vais vous parler d’un évènement qui a bouleversé le parcours de ces peuples, en particulier dans les régions tropicales. La découverte de nouvelles capacités de l’esprit humain : le Seid.
Waouh ! J’adooooooooooooore littéralement tout de ton blog Sandro !
la couleur du thème, les photos, et le récit super bien écrit que tu nous offres de ton histoire de ces humains expatriés dans une autre planète à la flore et à la faune géantes !
Ton roman promet d’être particulièrement passionnant ! Sans aucun doute qu’il va intéresser éditeurs et lecteurs.
Bravo à toi
Merci infiniment Danny, tes mots me touchent beaucoup.
Salut Sandro !
Je crois bien que j’ai eu le coup de foudre pour l’ensemble de ton blog. Histoire comprise.
D’ailleurs, ton histoire paraît très passionnante.
Ça me rappelle un peu le film Avatar…
Tu devrais installer de suite un autorépondeur pour nous envoyer un extrait de ton roman…
au plaisir de te lire 🙂
Salut Jennifer,
Merci beaucoup, ton commentaire me fait très plaisir !
C’est vrai maintenant que tu le dis, il y a des petits points communs avec Avatar. Pas beaucoup mais il y en a.
Tu as tout à fait raison au sujet de l’autorépondeur, c’était prévu, je vais en installer un rapidement 🙂
J’ai été tout de suite emportée par ce génial long article, comme un roman !
Très bien écrit, tout tout j’adore !!
Comme le suggère si bien Jennifer, j’aimerais aussi lire un extrait 😉
Donc j’attends ton auto-répondeur lol.
Ton futur roman ne pourra que marcher !
Marjorie Loup
Sublime, ton blog, Sandro !
J’adore ton histoire avant l’histoire, ton style d’écriture très fluide, l’univers que tu campes : j’ai embarqué tout de suite 😉
C’est fabuleux ! Je reviens poster un autre commentaire, Sandro, après avoir découvert les différents onglets de ton blog, qui présentent de façon magistrale l’ensemble de la création de l’univers de ton roman. Tu as une créativité fantastique !
Et le talent pour nous décrire ces différentes ambiances, paysages, climats, avec des noms à consonance adaptées aux contextes !
Toutes mes félicitations !!! C’est un travail magistral que tu as fait là !
Hola,
j’étais là hier, mais impossible de déposer un seul message.
Je viens de lire pour ton blog Sandro et un seul mot me vient à la pensée Wouah! quel beau monde où tu nous emmènes! Dans quel vaisseau allons nous atterrir? EN ce moment surchargé, mais j’irai explorer quand j’aurais une minute ce monde que tu as construis pour nous 🙂
Salut Mamsito,
Merci pour ton message. Prends du temps pour toi surtout, à très bientôt 🙂
Je viens de faire un long voyage à des années lumières. A en juger par ce que je viens de lire c’est un livre que je ne pourrai pas lâcher avant la fin et que je lâcherai à regret quand j’arriverai au « dépôt légal »
En lisant tes articles j’ai eu la vision d’une humanité réduite à l’état de fourmis sur la planète Etom ça me parait difficile d’y survivre mais en réfléchissant bien, il y a des fourmis sur notre planète.
Maintenant que je suis accrochée, je vais attendre tes articles.
Bravo aussi pour la construction du blog et pour « les sites Amis ».
Bonjour Luce, merci pour ton message.
Oui les rôles sont presque inversés… J’ai toujours été fasciné par les insectes et je me suis parfois demandé « mais s’ils étaient aussi grands que nous, ou plus ? »
Comme nos ancêtres de la préhistoire face aux mammouths, l’être humain est fragile face à la nature. Nos seuls atouts sont notre cerveau, nos mains et les outils que nous pouvons utiliser grâce à la combinaison des deux. Et pourtant, même devant des animaux plus grands, plus forts, plus rapides… ça fait toute la différence.