Au départ, je n’avais pas du tout prévu de publier sur Amazon.
Enfin, pas directement. Mais quand on est écrivain, on souhaite que nos livres soient lus. Pour qu’ils bénéficient d’une bonne visibilité, c’est une entreprise incontournable de nos jours.
Bien sûr il s’agit d’un géant du web, un des fameux GAFAM qui s’arrogent le monopole et écrasent tous les concurrents sur leur passage. Une entreprise à taille industrielle. Si vous avez lu mes romans ou certains de mes textes sur ce blog, vous avez compris que l’industrie et moi, on n’est pas très copains.
Si j’écris cet article aujourd’hui, c’est parce que je viens de republier Entom Boötis – Les Sœurs du Miel sur Amazon.
Il me semble donc intéressant de vous expliquer pourquoi. Si vous écrivez aussi, mon expérience pourrait vous être utile.
Lorsque j’avais publié ce premier roman en octobre 2017, j’étais passé par Librinova. Ce qui me permettait d’être présent sur les plus gros sites de vente, tout en participant au fonctionnement d’une entreprise française à taille plus humaine.
Une équipe essentiellement féminine et sympathique à première vue, des services à la carte, des relations avec l’édition traditionnelle, tout cela me semblait très intéressant.
Sauf que…
Ça revient assez cher
On ne se rend pas bien compte de tout ce qu’implique la sortie et la promotion d’un roman, quand on débute.
Au départ ça ne semble pas si important, on paie une somme modeste pour le format numérique. On se dit que ça serait bien de sortir le livre au format papier également. Comme je ne savais pas encore réaliser moi-même la maquette pour la mise en page, j’ai payé ce service en plus de la publication.
Ensuite, le suivi des ventes pour savoir combien d’exemplaires sont vendus et sur quels sites. Payant aussi. Puis on se dit que ce serait bien de faire un peu de promotion. Tellement de livres sortent chaque jour, pas facile de se faire connaître.
Au final, tout ça m’a coûté pas mal d’argent en seulement une année. Plusieurs centaines d’euros.
On nous propose des services qui semblent alléchants bien qu’assez coûteux : envois à des blogueurs littéraires, présentation sur un site de libraires et d’éditeurs, pub sur Facebook, etc. On se dit qu’il faut tester pour savoir ce que ça vaut, que dans toute entreprise il faut faire des investissements.
Eh bien, toute proportion gardée, ces investissements n’ont pas été efficaces pour mon roman. Pour certains, j’ai franchement l’impression d’avoir jeté mon argent par les fenêtres.
Et encore, j’avais réalisé moi-même les corrections et l’illustration de la couverture. J’imagine pour celles et ceux qui n’ont pas d’autres compétences que l’écriture, et paient absolument tout ce qui va accompagner leur texte…
Pour la promo, peut-être que c’est à cause de l’étiquette « science-fiction », me direz-vous, qui ne se vend pas aussi bien que d’autres genres en France. N’empêche, les services on les paie le même prix que les auteurs qui surfent sur les tendances à la mode. Et en ce qui me concerne, il n’y a pas eu de résultat probant.
C’est temporaire !
Eh oui ! J’ai réalisé un peu tard que la publication de mon roman n’était valable qu’un an. Donc il faut repayer chaque année, sous peine de voir le livre qui nous a demandé tant de travail et d’efforts disparaître dans les limbes !
Ah bon… si, si. Un peu limite quand même. Vous imaginez combien cela peut coûter au bout de cinq romans publiés, tous les ans ?
Et dix ! O_o
Ce qui veut dire aussi qu’un an après notre mort, maximum, terminé plus de romans. Ben oui, il faut quand même y penser, ça finira par arriver. L’intérêt c’est aussi que nos écrits restent disponibles longtemps après notre disparition. Laisser un petit quelque chose derrière nous, non ?
On peut aussi se retrouver simplement en galère d’argent. Avec ce genre d’entreprise, le jour où tu ne peux plus payer… adios !
◊
Je vous passe des détails sur certains petits problèmes avec Librinova. Il y a eu de très bonnes choses, selon les interlocutrices. Mais j’ai eu aussi quelques déceptions cuisantes sur la qualité des services proposés, et certaines réponses reçues quand j’en ai fait la remarque. Malgré des coûts parfois importants, aucune garantie de résultat ?
Bref, j’ai changé d’avis…
Peut-être que j’avais mal choisi au départ, que d’autres entreprises du même genre auraient été plus intéressantes pour moi. Moins coûteuses. Je n’ai plus tellement envie d’en essayer d’autres pour me rendre compte si ça me convient ou pas.
J’étais allé vers Librinova parce que j’avais reçu un « code promo » pour aller chez eux, de la part des Éditions Fleuve quand ils avaient refusé mon manuscrit.
Cela représente déjà beaucoup de boulot d’écrire un roman. D’autant plus quand on fait soi-même la couverture, la correction… Et en plus il faudrait payer des centaines d’euros pour publier notre travail ? Non, sans façon. C’est moi qui leur ai dit « bye bye » en premier. Désormais, je préfère apprendre à tout faire moi-même.
C’est donc ce que j’ai fait avec Le journal illégal de Bakir Meyo, comme je l’expliquais dans l’article précédent. Maintenant, je sais réaliser toutes les étapes pour publier un livre. Même pour les plus techniques et laborieuses, je me débrouille tout seul. Tout s’apprend les amis.
Je viens de reprendre toute la maquette de mon premier roman, y compris des retouches sur la couverture, car les formats n’étaient pas exactement identiques. La maquette que j’avais payée ne me sert plus à rien. Encore des journées entières de boulot, sur un livre déjà publié depuis un an… mais c’est fait.
Cette fois, je n’aurai plus à payer pour Les Sœurs du Miel. Je ne changerai plus de plateforme, à moins de trouver un vrai éditeur sait-on jamais. Mais dans ce cas, ce sera son travail de refaire éventuellement la mise en forme ou le design. Et de toute façon, j’aime bien garder mon indépendance.
Je vais pouvoir me consacrer pleinement à des textes nouveaux, maintenant.
Voilà ce que ça m’apporte :
Gros avantage avec Amazon, à condition bien sûr de leur fournir des fichiers qui correspondent à leurs exigences de mise en forme, on ne paie absolument rien.
Ils prennent un petit pourcentage sur les ventes, normal après tout. Au moins, ils font leurs bénéfices proportionnellement à ceux des auteurs. S’il fait tout lui-même, l’écrivain ne débourse pas le moindre euro, y compris pour la version papier de ses livres.
Ils ne vont pas vous imposer des frais pour que vos œuvres restent disponibles dans le temps. Et cette entreprise ne va pas disparaître de sitôt…
Le coût d’impression (et même le tarif des exemplaires pour l’auteur) est plus intéressant. Ce qui m’a d’ailleurs permis de baisser un peu le prix pour mes lecteurs et lectrices, sans perdre de bénéfices sur les ventes de mon côté.
Je dois ajouter que même si mon roman était aussi disponible sur la FNAC, Decitre et plus de 200 librairies numériques, presque toutes mes ventes ont été réalisées sur Amazon. Et chez eux, le suivi des ventes est gratuit.
Donc voilà, je tenais à m’expliquer sur mon changement de point de vue et mon choix de publication.
Malgré toutes les polémiques sur cette entreprise, par rapport à la manière dont sont traités leurs employés ou la fortune de son dirigeant, Amazon est d’une indéniable efficacité.
Ils sont très rapides à réagir, au moindre souci sur une commande on vous renvoie un autre article. Le client est vraiment roi chez eux.
Et les auteurs aussi, dans la mesure où ils disposent de facilités incomparables pour publier leur travail.
Certaines entreprises « d’auto-édition » se font pas mal d’argent grâce aux auteurs indépendants, dont la majorité dépensent finalement plus d’argent qu’ils n’en gagnent avec leurs écrits. Arnaque ? Je vous laisse juger.
En tout cas, maintenant je vais faire sans eux. J’ai tenté une voie qui me semblait plus humaine avec Librinova. Mais au final, j’étais leur client et pas leur partenaire. Un an et un roman m’auront suffit pour changer d’avis. Au moins, je suis allé voir par moi-même et j’en retire une expérience.
Je sais que certaines personnes boycottent Amazon, ou préfèrent passer par d’autres sites pour faire leurs achats. Si c’est votre cas et que vous souhaitez quand même vous procurer un de mes romans, il vous suffit de me contacter : sandro@entombootis.com
Contente d’avoir de tes nouvelles Sandro. Personnellement, malgré mon idéologie, je me suis également résolue à publier mes trois romans sur Amazon, et j’en suis très satisfaite.
Bonjour Danny, très content de ton passage ici.
J’espère que tu vas bien.
Eh oui, il n’y a pas de situation idéale, toujours des bons et des mauvais côtés. De toute façon, même les maisons d’édition traditionnelles ne peuvent pas éviter Amazon, on est bien obligé de faire avec.
Tu avais compris cette situation depuis un moment avec tes romans (2015 je crois le premier publié ?). J’ai tenté un autre chemin mais j’en arrive à la même conclusion que toi… Pour le moment, je suis très satisfait de mes interactions avec leurs services aussi.
Merci pour ton commentaire 🙂
Bravo Sandro. Tu as même fait une belle page auteur. Moi je crois que l’on ne peut pas se battre sur tous les tableaux et les aspects. Amazon nous permet, toi, Danny, moi de nous exprimer et de faire passer nos messages. C’est loin d’être parfait comme moyen mais au moins le moins est disponible et gratuitement comme tu dis. Si tu savais comme je regrette d’avoir céder mes droits de « 10 astuces… » à un éditeur. La distribution « traditionnelle » est une vraie mafia aussi alors …. On peut acheter un livre sur Amazon parce que c’est facile et acheter son fromage de chèvre à la coopérative du coin. La vie moderne est faite d’arbitrage sans arrêt. En ce qui concerne les livres Amazon est incontournable alors autant en profiter et prendre en mains le destin de tes livres 🙂
Merci Marjorie.
Oui on peut s’exprimer quand même librement. Je n’étais pas sûr qu’ils acceptent le journal de Bakir avec ses propos libertaires, mais je n’ai eu aucun problème. Je crois que leur censure concerne surtout le sexe et certaines formes d’appel à la violence.
Je ne savais pas que tu regrettais d’avoir cédé tes droits, pour ton livre sur l’estime de soi des enfants… je n’ai lu que ta première version mais je dois dire que je préférais cette couverture. Étonnant aussi de voir que la première édition bénéficie de beaucoup plus de commentaires et même d’un meilleur classement, alors qu’elle n’est plus disponible.
On dirait que cette idée d’un « Graal » pour les écrivains dans l’édition traditionnelle est complétement dépassée de nos jours. Même si dans la tête de certaines personnes ça ne changera peut-être jamais, la réalité est tout autre. Les gros éditeurs ne représentent plus une garantie de qualité, ni même une bonne promotion pour leurs auteurs. Même chez eux, la grande majorité des livres n’est pas du tout mise en avant.
Vive la liberté 😉
Super article, Sandro ! On m’avait parlé de Librinova, heureusement que je ne l’ai pas fait. J’aime Amazon pour la liberté incomparable qu’il permet pour les auteurs, pour son coût dérisoire, sa facilité d’accès tant pour l’auteur, vendeur, que le client, bref mis à part que c’est un géant américain qui est critiquable, il est en effet extrêmement bien fait pour ses utilisateurs.
C’est vrai que même en payant, on n’est pas sûrs d’être visible et donc de vendre mieux, loin de là.
Moi je trouve la solution d’auto-édition sur Amazon vraiment géniale, à part qu’il faut être un minimum technique et formé pour aborder la plateforme. Au pire, on peut payer un prestataire et ce sera toujours moins cher qu’un éditeur demandant de payer.
En ce qui concerne le fameux Graal de l’édition traditionnelle, je pense qu’en dehors des géants (Gallimard, Flammarion, etc.), ce n’est pas si intéressant, comme tu dis. J’ai tout de même un rêve : je trouve qu’être édité en Pocket (et donc forcément avant en broché traditionnel), c’est vraiment la classe et l’assurance d’être beaucoup et longtemps vendu 🙂
Merci Marjorie ! En effet, il y a toujours moyen de trouver un peu d’aide, auprès de gens qui maîtrisent certains outils mieux que nous, et ne sont pas trop chers. On peut être doué pour raconter des histoires et pas forcément en orthographe, par exemple. Tout s’apprend mais ça peut prendre du temps.
Après, c’est aussi une question de choix. Pour ma part, j’y passe le temps qu’il faut et j’apprends encore, bien sûr 🙂
Je pense que même chez les plus gros éditeurs français comme ceux que tu évoques, il n’y a qu’une minorité d’auteurs qui bénéficient vraiment d’une belle exposition. On peut voir des auteurs peu ou pas connus chez eux aussi. D’ailleurs ils n’ont pas forcément plus de talent que ceux qui sont refusés. il y a souvent des histoires de réseau et de copinage derrière tout ça.
Il paraît que les maisons d’édition acceptent en moyenne un manuscrit sur cinq ou six mille !
C’est sûr que ça donne envie de faire partie des rares qui sont en haut de l’affiche, mais il vaut mieux ne pas trop se faire d’illusions. La plupart préfèrent éditer des traductions de best-sellers étrangers plutôt que de prendre des risques. Je connais des auteurs qui pensaient trouver le Graal en se faisant éditer et qui ont vécu de grandes déceptions.
Mais bon, quand on voit des écrivains super connus comme J.K Rowling, Bernard Werber ou même Agatha Christie qui ont galéré pendant des années, il faut s’accrocher !
Merci pour cet article très intéressant
Bonjour Myriam, désolé de ma réponse tardive, je n’ai pas été prévenu de votre commentaire.
Content que cet article vous ait plu, merci pour votre message.