(illustration / photomontage : to-the-brink)
Le recrutement
Une Matria de l’ordre Ophrys est envoyée rendre visite à chaque nouveau-né de sexe féminin recensé en Valoki. Le bébé est sondé brièvement, aucun contact n’est nécessaire. Pour les initiées, avec un peu de concentration la sensibilité au Seid est visible dans l’aura des personnes. D’autant plus sur les nourrissons qui n’ont encore développé aucune construction mentale, aucune croyance, aucune barrière. Après quatre ans, il est plus difficile de commencer cet apprentissage, le cerveau devenant moins malléable.
Pour des parents valokins, la réussite de ce petit test est une immense fierté : leur fille va intégrer l’élite de leur société. Toute orpheline n’ayant pas encore atteint l’âge de cinq ans et montrant des prédispositions au Seid sera également recueillie par les moniales.
(crédit image : psykikraithe)
Les Nymphes
L’origine du terme est biologique, la nymphe étant le stade intermédiaire de développement de certains insectes entre la larve et l’imago (l’adulte). C’est ce qui se cache dans les chrysalides, les cocons des vers à soie…
La nymphe symbolise ici l’apprentissage des bases qui vont permettre à la fillette de se métamorphoser, de passer d’une condition ordinaire à un statut privilégié.
Les nymphes portent des robes brunes. Elles commencent à être éduquées dans l’école du monastère dès l’âge de quatre ans, quatre jours par semaine avec des périodes de vacances régulières. Si elles sont orphelines ou qu’elles viennent d’une région lointaine pour recevoir l’enseignement des Sœurs, elles sont prises en charge en permanence tout en suivant le même parcours scolaire que les autres élèves.
Éveil des sens à travers des jeux, des promenades dans la nature, le dessin, la peinture, le jardinage et la musique. Apprentissage des bases de calcul, de lecture et d’écriture.
Les notions de respect et d’harmonie universelle sont inculquées à travers des activités collectives, physiques et intellectuelles. Ces petites filles sont conditionnées dès cet âge pour savoir donner aux autres sans attendre en retour, faire passer les intérêts collectifs avant les préoccupations personnelles, se détacher du désir de possession matérielle ou affective. La notion d’amour universel est primordiale.
Examen d’aptitudes physiques, intellectuelles, morales et psychiques à l’âge de huit ans. En cas d’échec, l’enfant est exclue de l’ordre et retourne chez ses parents (école ordinaire) mais elle peut évidemment rester en Valoki comme civile. Il existe également un orphelinat et des possibilités d’adoption dans la capitale.
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Les Novices
Si l’examen est réussi, la novice suit une formation plus poussée jusqu’à ses douze ans, suivant cinq jours par semaine une initiation à toutes les fonctions différentes occupées par les Sœurs.
Les novices portent des robes grises. Sous l’autorité de leurs enseignantes elles commencent à consommer du miel pour apprendre à lire les auras des êtres vivants. La culture générale et sportive est poursuivie, parallèlement à l’enseignement moral, l’étude approfondie de la faune et la flore.
Les émotions sont abordées en détails, l’empathie est encouragée et développée. Les notions de coopération, de responsabilité morale, de respect de la vie et d’harmonie entre les espèces sont au cœur de leur éducation.
À l’âge de 12 ans, la novice doit passer un nouvel examen au terme duquel, si tout se passe bien, elle devient membre de la sororité en tant qu’apprentie (Koré : « jeune fille » en grec). Les Sœurs enseignantes ont pour mission de sonder l’esprit de la nouvelle Koré pour s’assurer que la poursuite de son initiation corresponde à ses capacités et ses aspirations réelles.
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Les Koré
Après avoir prononcé ses vœux de pureté morale et d’obéissance, une Koré passe le plus clair de son temps entre les études en salle et l’entrainement pratique dans les quatre activités de spécialisation parmi lesquelles elle devra choisir plus tard.
Pour pratiquer ces activités, elle est sous les ordres directs de quatre Shaïli qui doivent lui transmettre leurs connaissances, elles-mêmes sous l’autorité des Matria.
La Koré est maintenant obligée de vivre dans le monastère, de suivre l’enseignement des Sœurs et de participer aux activités six jours par semaine, avec un seul jour de quartier libre. La période de vacances est plus réduite, environ quatre semaines par an pour passer du temps en famille. Les orphelines en vacances restent au monastère.
Les sorties sont autorisées pour les Koré, mais seulement à condition d’être accompagnées par une moniale de rang supérieur. Elles portent des robes vert pâle.
Sous la protection de leurs enseignantes, les Koré sont amenées à visiter des colonies de chacune des quatre espèces d’insectes sociaux alliées aux Sœurs Ophrys, pour s’habituer à leur présence, apprendre à décrypter leurs auras et se familiariser avec les tâches assumées par les Shaïli.
Quand elles sont sous l’effet du miel, elles apprennent à lire les intentions des arthropodes, à les apaiser et les faire fuir en projetant des émotions.
À l’âge de sa majorité, dix-neuf ans, la Koré va devoir passer une nouvelle série d’examens et d’épreuves visant à juger son équilibre psychologique, ses connaissances, sa loyauté et ses capacités métapsychiques. En cas d’échec, elle est exclue de l’ordre. Cette série d’épreuves va aussi lui permettre de choisir sa spécialisation en fonction de ses affinités et aptitudes.
(crédit image : the-panpiper)
Les Shaïli
Les Shaïli sont les « mains » de l’ordre et sont considérées comme des membres à part entière. Ce sont elles qui s’occupent directement des colonies d’insectes sociaux, des travaux agricoles, des constructions, de protéger la population civile…
Toujours soumise à ses vœux, la jeune titulaire restera Shaïli pendant onze années dont sept à former des apprenties, tout en poursuivant elle-même sa formation sous l’autorité d’une Matria. Elle apprend à utiliser le Seid sur les êtres humains.
En tant que membre officiel de l’ordre elle a pour obligation de vivre dans le monastère dans le célibat. Elle reçoit un collier avec une pierre d’Ambremiel des mains de sa Matria.
L’Ambremiel est le produit d’une cristallisation extrême du miel d’aporims, par un procédé alchimique complexe dont la formule est gardée secrète par les Veneris Matria. Cette minéralisation rend les propriétés du miel permanentes en contact avec la peau des initiées. Les Shaïli ne peuvent porter qu’une seule de ces magnifiques gemmes translucides et dorées. Ces pierres résonnent entre elles, leur amplification s’accumule et elles peuvent s’avérer dangereuses sur un esprit insuffisamment entraîné.
Avec sa première pierre d’Ambremiel, la Shaïli reçoit également une robe bleue fermée par une petite broche en forme d’insecte. La nuance de la robe et la forme de la broche désignent sa spécialité :
- Les Nurishaï portent une broche en forme de myrme et une robe turquoise. Omnivores, elles sont spécialisées dans l’agriculture et l’élevage pour la production de nourriture. Étant les moniales les plus polyvalentes, elles assistent aussi fréquemment les autres factions de l’ordre.
- Les Arcoshaï sont liées aux terims, les insectes bâtisseurs dont les constructions monumentales défient encore les techniques humaines. Végétariennes, elles sont spécialisées dans l’architecture typique de Valoki, construite et rénovée avec l’aide des terims. Elles sont vêtues de robes gris-bleu.
- Les Ordoshaï portent des robes bleu nuit ou, lorsqu’elles sont en service, des armures de chitine taillées dans des carapaces d’insectes. Alliées des dangereuses vespères volantes, elles sont comme elles frugivores et carnivores. Les Ordoshaï veillent à la sécurité de tous et au respect des lois. Ce sont les seules moniales qui portent des armes.
- Les Melishaï forment la branche la plus prestigieuse du monastère. Leur broche a la forme d’une aporim, elles portent des robes bleu pastel. Végétariennes, elles s’occupent de la production du miel et de la bonne santé des ruches. De toutes les moniales, elles sont les mieux disposées pour pratiquer les techniques Zoë-kheria, la guérison par le Seid. Toutes les Matria savent soigner par apposition des mains, mais celles qui ont suivi leur formation en tant que Melishaï sont les plus douées dans ce domaine.
Après ses onze années de service, la Shaïli peut transmettre son titre à sa meilleure apprentie et devenir une Matria à son tour, à trois conditions : elle doit passer avec succès une nouvelle série d’épreuves, il faut que sa supérieure directe la considère digne de cette fonction, et qu’elle-même souhaite prolonger ses vœux au service de l’ordre.
Si elle le désire, la Shaïli arrivée à trente ans peut choisir de quitter l’ordre Ophrys, renoncer à ses vœux, se marier et avoir des enfants, sans que cela porte atteinte à son image dans la société. Cela implique également qu’elle restitue la pierre d’Ambremiel en sa possession, perdant ainsi la majeure partie de ses pouvoirs. Elle sera la bienvenue partout en Valoki, trouvera facilement du travail et pourra obtenir l’aide des Sœurs en cas de besoin.
Les anciennes Sœurs Ophrys rejoignant la vie civile constituent une partie des mères de famille du pays. Certaines préfèrent parcourir le monde ou s’investir dans d’autres activités, leurs talents de guérisseuses sont amoindris mais toujours appréciés. Parmi les meilleures sages-femmes on trouve souvent d’anciennes moniales qui ont quitté l’ordre par choix à l’âge requis.
Les Matria
Les Matria sont les « épaules » de l’Ordre. Elles décident et agissent sous l’autorité des Veneris Matria à qui elles doivent rendre des comptes. Toutes les Matria sont âgées de trente ans minimum. Elles gardent ce statut à vie, sauf si elles parviennent à former une nouvelle Matria, devenant alors Veneris Matria (la plus haute autorité).
Ces femmes ont choisi de vouer leur vie entière à l’ordre Ophrys, et renoncent donc à faire des enfants ou à vivre en couple jusqu’à leur mort. Cependant elles ont le droit d’avoir une vie sexuelle discrète (en-dehors du monastère si l’objet de son désir est un homme), avec l’obligation d’absorber l’élixir de Daruba qui les rend irrémédiablement stériles.
L’obtention de ce statut nécessite un long entretien avec l’ensemble du Conseil Veneris, pendant lequel toute la vie de la postulante est passée au crible. La future Matria est questionnée, sondée psychiquement, analysée, déstabilisée par sa propre supérieure et toutes les Veneris Matria réunies. Cet examen est impossible à tromper et si le cœur de la prétendante n’est pas sincère elle sera chassée de l’ordre, voire bannie dans le Kunvel pour les cas jugés les plus graves (meurtre, manipulation, trahison…).
Qu’une Shaïli choisisse de devenir Matria ou qu’elle renonce à ses vœux, lorsqu’elle atteint l’âge de trente ans, elle doit prendre une décision irrémédiable.
Le statut de Matria est difficile à dépasser et ces dernières sont en général âgées quand (et si) elles deviennent Veneris. La plupart restent Matria à vie, car il est de plus en plus fréquent que les Shaïli trentenaires renoncent à leurs vœux après toutes ces années de service.
Les Matria sont vêtues de blanc et portent au moins deux pierres d’Ambremiel, parfois davantage en fonction de leur mérite.
Leurs rôles peuvent être très variés et sont attribués selon leurs compétences. Elles sont chargées de faire appliquer les ordres du Conseil Veneris, d’assurer le bon fonctionnement de la société valokine, de veiller à la santé et la sécurité de la population…
Les meilleures pédagogues enseignent leurs connaissances à plusieurs élèves, dont le rang dépend de leur propre niveau de maîtrise dans une discipline.
(image de Nami Dragon)
Les Veneris Matria
Elles sont l’autorité suprême des monastères, « la tête » de l’ordre. Depuis quelques décennies elles sont de moins en moins nombreuses et sont toutes âgées. Elles seules connaissent le secret de fabrication des pierres d’Ambremiel.
Elles portent la même robe blanche que les Matria mais ornée d’un liseré arc-en-ciel.
Les Veneris possèdent au minimum trois pierres d’Ambremiel chacune. Elles ont des visions prémonitoires et sont capables d’unir leurs forces pour projeter des ondes métapsychiques sur de longues distances.
On raconte qu’elles se relayent en permanence lors de méditations collectives pour diffuser des émotions apaisantes sur tout leur territoire en le surveillant mentalement. Cela explique en partie la bonne cohabitation des Valokins avec les arthropodes géants, la tranquillité qui règne dans ce pays pacifique et le fait que leurs voisins n’ont jamais pu les envahir.
Les Veneris accordent les promotions, prononcent les sanctions et les expulsions. Toute Sœur prétendant à un rang supérieur doit passer ses épreuves finales dans la salle du Conseil Veneris.
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Dès l’obtention du statut de Koré à douze ans, les moniales apprennent à décrypter l’aura des êtres vivants. Les Sœurs Oprhys peuvent créer une interaction sur le plan émotionnel avec n’importe quel humain ou animal. Elles ressentent les émotions et les intentions des êtres qu’elles sondent (empathie), et peuvent projeter certaines émotions dans l’esprit des autres (sympathie).
Elles provoquent inévitablement un sentiment de respect très puissant sur les êtres qui sont à leur portée. Les moniales confirmées sont capables de faire disparaître temporairement les émotions négatives et donc la violence dans leur entourage. C’est un grand pouvoir.
Mais le Seid n’a pas encore livré tous ses secrets…
(crédit image : Xyee)
Vous connaissez maintenant la hiérarchie et une partie de l’organisation de l’ordre Ophrys à l’époque du roman (début du 7ème siècle). Mercredi prochain, il sera temps de vous présenter mes personnages principaux.
Portez-vous bien, à bientôt.
Hello Sandro
L’organisation de l’Ordre me fait penser un peu, au Palais de la Manécanterie, qui forme des le plus jeune âge les fabuleux oiseaux chanteurs. Avec toute la responsabilité, vocation, incorruptibilité qui incombent à leur tâche. ( Les Maitres Chanteurs. de Orson Scott Card )
Hâte que tu nous présentes tes personnages !
Hello,
C’est un auteur que je n’ai pas encore lu… décidément, ta culture SF m’impressionne !
Merci Marjorie.
Ouah, quelle richesse dans cet ordre… ça me fait penser à un autre ordre, dans un autre livre mais impossible de remettre le nom dessus… si ça me revient, je reviendrai t’en parler! Tes illustrations sont magnifiques en tout cas!
Merci Seb !
L’autre ordre dont tu parles m’intrigue, j’aimerais beaucoup connaître le nom de ce livre si tu le retrouves…
Les illustrations ne sont pas de moi, à part (pour le moment) celle de la planète dans la page correspondante, et la déco du blog. En bas de chaque page ou article il y a les liens d’origine.
Je suis partie loin, loin, Sandro, merci pour cette belle description de l’Ordre. Et qui fleure le réalisme, c’est ça qui est top !
Les illustrations en effet sont superbes !
Marjorie a parlé d’un livre d’Orson Scott Card, les Maîtres Chanteurs, dont je viens de lire le résumé, ça semble magnifique à lire. Et j’apprends que O. S. Card est Mormon, je l’ignorais.
Je file lire la suite vu que j’ai du retard 😉
Très content que cet article te plaise Marjorie !
Comme dans les autres je raconte des histoires ou donne la parole aux personnages, je me demandais justement si ce n’était pas trop descriptif…